
Puissent alors les quelques lignes qui suivent vous donner l'envie de vous intéresser au roman de François Vergne, "Vie Nouvelle" (Gallimard), paru il y a deux petits mois et donc théoriquement disponible (je dis théoriquement, puisque au niveau écrémage express, le livre n'a rien à envier au disque ou au film : quand ça décolle pas dans la demi heure, ça dégage). C'est un livre très prégnant, quelques semaines encore après sa lecture, alors même que c'est le genre d'oeuvre dont on se demande au bout de deux pages si on va lire la troisième. Parce que l'écriture y est blanche de chez blanche (ou alors, c'est possible, je n'ai peut-être pas encore lu assez de livres), d'une neutralité extrême pour décrire par le menu l'existence d'une adolescente en province en France, existence pâle, si elle n'était placée sous le signe de l'abscence, de la mort de la mère, tout juste évoquée, mais dont la disparition énigmatique donne aux choses du quotidien comme un trop plein de présence, et ne fait que souligner le manque, et de la personne et du sens des choses. A force de dire la vie telle qu'elle est, dans ses manifestations extérieures, dans son décor de zones commerçantes, où on serait bien en peine justement de donner une signification à ce qui traverse une existence, de zones pavillonnaires et de grands ensembles, la réalité, teintée d'un trop plein d'elle même, semble atteindre à une sorte de sur-réalité, qui n'a rien à voir avec le réalisme poétique et son côté rassurant, mais où un autre type de poésie affleure, une poésie absolument ignorante d'elle même et indifférente de ses effets. Pas d'effets de manche, pas de ressort dramatique, ni de psychologie complaisante sur la vie des" moins-bien-lotis", rien qui vienne mettre à mal l'édifice délicat d'une écriture qui s'efface derrière ce qu'elle dépeint sans surjouer cet effacement et laisse finalement le sentiment d'une beauté absurde, drapée dans un quotidien fade mais hanté. On est loin de l'apologie des p'tites choses, des p'tits riens du quotidien qui font bobo à l'âme mais que ça réchauffe d'en parler, en vogue chez les chanteurs français; la comparaison semble tenir du coq à l'âne, oui, mais quand même, l'enjeu, de parler de la vie, du quotidien sans les réduire à leurs ressorts psychologiques, sans en éluder la part de mystère, concerne aussi l'écriture de textes de chansons.
2 commentaires:
Presque vous? Alors, je vous aime!
Moi aussi, Rose!
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